Le Mouvement 5 étoiles dit oui au gouvernement Draghi — Italie
- par Amanda Heroux
- dans Science
- — Fév 14, 2021
L'ex-président de la Banque centrale européenne (BCE) s'est rendu au Palais du Quirinal à 18H00 pour communiquer formellement son accord au président de la République Sergio Mattarella, qui l'avait choisi pour succéder à Giuseppe Conte, contraint à la démission le 26 janvier après l'éclatement de sa coalition. Le directeur général de la Banque d'Italie et ancien conseiller à la Commission européenne Daniele Franco devient ministre de l'Économie. La gauche radicale de Roberto Speranza, ministre de la Santé, et le mouvement populiste cinq étoiles de Luigi Di Maio, maintenu aux Affaires étrangères, sont désormais ralliés dans un même gouvernement.
Le nouveau chef du gouvernement a habilement mêlé technocrates et responsables politiques, choisissant des personnalités compétentes dans tous les partis lui ayant offert leur soutien, sans faire appel cependant aux leaders.
Il a également annoncé la prochaine création d'un "super-ministère" de la Transition écologique qui sera dirigé par un physicien de renom, Roberto Cingolani, responsable depuis septembre 2019 de l'innovation technologique chez le géant italien de l'aéronautique Leonardo.
L'inconnue sur la position du Mouvement 5 Étoiles, un parti antisystème avant son arrivée au pouvoir, était le dernier obstacle à la naissance du gouvernement de M. Draghi, qui pourrait être annoncée dès vendredi.
Depuis que Mattarella a fait appel à lui le 3 février, Draghi a mené des entretiens tous azimuts avec les partis politiques représentés au parlement, qui lui ont permis de former un attelage hétéroclite allant du Parti démocrate (PD, centre-gauche) à la Ligue d'extrême droite de Matteo Salvini en passant par le parti de droite Forza Italia de Silvio Berlusconi.
Selon un sondage Ipsos publié dans le Corriere della Sera, 62% des Italiens soutiennent Mario Draghi.
Connu pour sa discrétion, son sérieux et ses hauts faits d'armes approuvés en économie avec un doctorat obtenu dans ce domaine du Massachusetts Institute of Technology (MIT), la prestigieuse université américaine, Draghi est notamment crédité d'avoir sauvé la zone euro de la crise de la dette en 2011. L'Italie, plongée dans sa pire récession depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, doit présenter son plan à Bruxelles d'ici fin avril. Parmi ceux-ci, le succès de la campagne de vaccination qui a été affectée, comme dans le reste des pays européens, par la lenteur de la livraison des vaccins, puisque seuls 1,2 million d'Italiens sur 60 millions ont été vaccinés, outre la mise en œuvre du plan de relance économique, et la réduction de la dette accumulée par la troisième économie de la zone euro, et dont le montant s'élève à 2 600 millions d'euros, soit 158% du PIB à fin 2020, soit le taux le plus élevé de la zone euro après la Grèce.
Mais il ne suffit pas de dépenser les fonds.
Même s'il bénéficie pour l'instant de son aura de sauveur de la nation, cet homme aux cheveux poivre et sel formé chez les jésuites, dont l'arrivée a réjoui les marchés financiers, devra faire preuve de beaucoup d'habileté pour rester en selle à long terme face à des partis politiques qui devraient s'agiter de plus en plus à l'approche des prochaines élections, prévues en 2023.