Classés " terroristes ", les houthis s’en prennent à l’administration Trump
- par Thibaud Popelin
- dans Monde
- — Jan 12, 2021
De fait, Mohamed Ali al-Houthi, l'un des hauts responsables du groupement Houthis a affirmé que ses rebelles pourraient bien sévir contre les intérêts américains.
Selon ces derniers, les américains sont effectivement à l'origine du terrorisme et les décisions prises par le gouvernement Trump s'apparentent d'elles même à du terrorisme.
Dimanche, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a annoncé, à dix jours de la fin du mandat de son administration, que les houthis seraient inscrits sur la liste des groupes " terroristes ". Le royaume saoudien, un allié de Washington, est à la tête d'une coalition militaire soutenant le gouvernement yéménite face aux houthis.
Le gouvernement yéménite a salué une décision que les rebelles "méritaient (.) en raison de leurs efforts permanents pour prolonger le conflit et causer la pire crise humanitaire au monde". "Ce n'est pas une bonne chose pour nous, ajoute Ali (un nom d'emprunt), ici à Sanaa (tenue par les insurgés soutenus par Téhéran), les gens voient cela comme une manœuvre des Américains avant le départ de Trump, mais ils pensent que Joe Biden annulera cette décision".
Les houthis sont appuyés politiquement par l'Iran, ennemi des États-Unis et grand rival régional de l'Arabie saoudite.
L'ONU estime que la décision américaine "est susceptible d'avoir de graves répercussions humanitaires et politiques", selon Stéphane Dujarric, son porte-parole.
L'Iran a condamné la décision américaine, jugeant que la liste noire américaine est " un processus qui a perdu sa crédibilité (.) ".
M. Pompeo a expliqué qu'il notifierait le Congrès de cette décision.
A moins que le Congrès ne les bloque, les sanctions anti-Houthis doivent entrer en vigueur le 19 janvier, soit la veille de l'entrée en fonctions du démocrate.
Le sénateur démocrate Chris Murphy a dénoncé "une condamnation à mort pour des milliers de Yéménites", une décision qui "va entraver l'aide humanitaire, rendre des pourparlers de paix quasiment impossibles et renforcer l'Iran".
Après plus de six ans de guerre, le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule Arabique où 80 % de la population dépend désormais de l'aide internationale, est en proie à ce que l'ONU a qualifié de pire crise humanitaire au monde.
Les États-Unis aussi, qui reconnaissent qu'"il existe des inquiétudes quant à l'impact que ces désignations auront sur la situation humanitaire au Yémen", ont annoncé par la voix de Pompeo qu'ils prévoient de "mettre en place des mesures pour réduire leur impact sur certaines activités et importations humanitaires".
" Le gouvernement américain doit s'assurer que les sanctions n'empêchent pas l'entrée de nourriture, de carburant et de médicaments dans un pays déjà en pleine catastrophe humanitaire totale", a déclaré le directeur de l'ONG Norwegian Refugee Council au Yémen, Mohammad Abdi.
Le président du Comité international de secours David Miliband a qualifié la décision américaine de "vandalisme diplomatique", appelant "au contraire (à) faire pression sur toutes les parties pour qu'elles cessent de prendre les civils en otage".
Mais pour Peter Salisbury, spécialiste du Yémen à l'International Crisis Group, le classement des houthis sur la liste noire " risque de punir collectivement tous les Yéménites en précipitant une famine tout en faisant peu de mal aux houthis, si ce n'est de les pousser plus près de l'Iran ".