Washington menace de surtaxer des produits français jusqu'à 100%
- par Thibaud Popelin
- dans Monde
- — Déc 3, 2019
Washington entend ainsi répondre à la taxe décidée par le parlement français sur les entreprises numériques.
Parmi les produits qui pourraient être surtaxés par les États-Unis, figurent de nombreux fromages dont le Roquefort, les yaourts, le vin pétillant ainsi que des produits cosmétiques comme le savon et le maquillage ou encore les sacs à main.
Le Bureau du Représentant américain au Commerce (USTR) estime que la "taxe Gafa", adoptée en juillet dernier par le Parlement français, n'est "pas conforme aux principes de politique fiscale internationale et constitue un fardeau anormal pour les entreprises américaines affectées". Le ministre Bruno Le Maire promet "forte" riposte européenne en cas de sanctions américaines.
L'exécutif européen laisse la porte ouverte: l'UE - qui jusqu'ici a échoué à serrer les rangs autour d'une taxe européenne sur le numérique - cherchera à engager "immédiatement des discussions avec les États-Unis sur la manière de résoudre cette question à l'amiable".
Ciblant notamment les géants du numérique que sont Google, Apple, Facebook et Amazon - d'où son surnom de "taxe Gafa" - la taxe française s'applique aux sociétés réalisant un chiffre d'affaires sur leurs activités numériques de 750 millions d'euros au niveau mondial et de plus de 25 millions d'euros sur le sol français.
La hache de guerre est déterrée.
Les grands noms de la tech se voient régulièrement reprocher de ne pas payer leur juste part d'impôt, grâce à des montages d'optimisation qui leur permettent de transférer leurs bénéfices vers des Etats à faible fiscalité.
Après avoir soutenu la quête d'une solution internationale, l'administration Trump, plutôt connue pour critiquer les négociations multilatérales quel que soit leur objet, aurait selon la France et la Commission européenne d'ores et déjà pris ses distances avec le projet mené par l'OCDE.
Ces nouvelles menaces sont dévoilées la veille d'une rencontre entre Donald Trump et Emmanuel Macron, qui doit se tenir mardi à Londres à 14 heures (temps universel), dans le cadre du sommet de l'Otan.
"La taxe française n'est pas discriminatoire (.) Elle comprend des entreprises américaines mais aussi des entreprises françaises, des entreprises européennes et des entreprises chinoises", a poursuivi Bruno Le Maire devant la presse, à Paris.
Ni la France ni un autre pays, d'ailleurs.
Dans un communiqué, le représentant américain au Commerce déclare que son administration étudie la possibilité d'ouvrir des enquêtes similaires visant les taxes sur le numérique prévues par l'Autriche, l'Italie et la Turquie. Paris déplore des menaces américaines "inacceptables".