300 prêtres accusés de pédophilie — Etats-Unis
- by Thibaud Popelin
- in Monde
- — Aoû 16, 2018
La Pennsylvanie abrite plus de 3 millions de catholiques.
Josh Shapiro, procureur de Pennsylvanie.
La lecture de ce rapport, ponctué d'anecdotes sordides, est glaçante.
Le procureur général a déclaré que plus de 1 000 enfants, dont des jeunes garçons, des jeunes filles ainsi que des adolescents, ont été agressés et violés par des prêtres pédophiles au cours d'une période de 70 ans.
Cependant, il y a prescription pour la majorité des cas et par conséquent, selon la loi de Pennsylvanie, leurs auteurs ne pourront pas être poursuivis en justice. L'enquête avait mis au jour des décennies d'abus sexuels commis par plus de 90 prêtres avec la complicité de leur hiérarchie. Ce dernier a plaidé coupable fin juillet, il encourt 5 ans d'emprisonnement, le chef d'accusation retenu contre lui étant un délit et non pas un crime.
Le représentant du ministère public regrette également que "leurs responsables n'ont rien fait".
Le rapport a été rédigé par un jury populaire sur la base des conclusions de l'enquête qui leur avaient été confiées.
C'est un rapport de 884 pages qui fait le récit de plus de 70 ans de pédophilie.
" Les "grands jurés" ne sont que des gens ordinaires, choisis au hasard pour un service; nous sommes peu payés, nos journées sont longues, le travail peut se révéler émotionnellement déchirant ", expliquent en préambule les membres de cette commission, qui précise avoir entendu des dizaines de témoins et examiné " plus d'un demi-million de documents diocésains internes ".
Le rapport sur la pédophilie au sein de l'Eglise de Pennsylvanie rappelle le scandale des abus sexuels couverts par l'Eglise de Boston, dont les agissements avaient été révélés par le Boston Globe en 2002. L'enquête met aussi en cause l'attitude de plusieurs policiers ayant refusé à l'époque de donner suite à des plaintes.
"La dissimulation, par l'Église, a rendu impossible que justice soit rendue pour ces victimes ", a déploré mardi 14 août Josh Shapiro.
Le grand jury préconise une modification de la législation pour allonger le délai de prescription, au pénal et au civil, et pour restreindre le champ des accords de confidentialité, auxquels l'Église catholique a eu fréquemment recours.
"Tous [ces cas] ont été écartés par les dirigeants de l'église qui ont préféré protéger les agresseurs et leur institution avant tout", indique le rapport.